Le printemps du rhodoïd

Avec l’arrivée du printemps, j’ai eu envie de revenir au rhodoïd et d’expérimenter sa souplesse plastique. La technique est celle de la pointe sèche, et toutes sortes d’outils peuvent être utilisés pour laisser une trace sur la plaque, comme les fameuses pointes et roulettes de Mathieu Coulanges.

L’autre avantage c’est que les plaques sont souples et peuvent donc être découpées assez facilement. On obtient ainsi des matrices aux formes moins classiques qu’avec du zinc ou du cuivre. Certes, on peut aussi découper le métal mais cela nécessite l’achat d’un bocfil et une certaine dextérité. Le plexiglas fin, à l’inverse, se découpe au cutter ou aux ciseaux.

Autres atouts : la matrice est transparente et on peut donc travailler son trait en plaçant son dessin ou ses esquisses sous la plaque. Attention toutefois, à l’impression le dessin sera inversé sur le papier !

Enfin, les formes découpées peuvent servir à embosser le papier sans risquer une trop grande épaisseur sous presse.

J’ai centré mes expérimentations autour du thème du printemps et voici quelques unes de mes gravures : jardin, cocon, forêt et kimono sakura...

A suivre …

Femmes sur le fil

Hier le Salon Artempo (Cugnaux, 31) s’est clôturé et je suis repartie avec un prix pour ma série sur les maisons (Salon Artempo / La maison de mes rêves…/Série Maisons).

J’ai pris ce prix comme un encouragement, et surtout le signal qu’il est temps pour moi de tourner cette page inspirée par les confinements.

Le tournant a déjà été esquissé cet été avec un travail autour du tissu, du travail des femmes qui se prolonge un samedi par mois dans l’atelier de recherche plastique de Sandrine Ginisty. Voici, en quelques images, les ébauches et balbutiements de cette nouvelle série au titre provisoire :  » Femmes sur le fil « .

De gauche à droite : 1. Robe de vendangeuse , début XXe siècle avec impression de cyanotypes

2. Série Métiers de femme d’antan, techniques mixtures : photos, cyanotype, broderie.

3. Extrait de « La Femme cousue » sur cyanotype rebrodé

4. Eau-forte : le fil à linges

5. Le bustier, eau-forte

6. Détail de la série métiers de femmes d’antan

Série Maison, encore

17 mai

Ici, « les saints de glace » sont passés, le printemps s’installe mais dans l’atelier souffle encore le souvenir vivace des tempêtes de neige, le désir d’enfouissement que tout ce blanc a suscité en moi . Dans cette nouvelle plaque, seule l’aquatinte rythme la plaque et traduit ce monde enseveli où une petite maison demeure….

Une maison face à l’atelier de La Main Gauche, côté cour, à Toulouse…et le 1er état d’une nouvelle maison enfouie.

Dernières impressions…

Hier je devais faire mes derniers essais de cyanotype avant de fermer mon atelier à la montagne. Mais ce matin, le ciel était si bleu après cette nuit de presque-pleine-lune que je n’ai pas pu me résoudre à tout ranger. Avec cette énergie que donne l’urgence, j’ai déployé mes trésors de papier déjà badigeonnés de solution, et hop, quelques négatifs du Québec, quelques végétaux d’Ariège, et en avant la chimie!

J’ai laissé faire le soleil, si franc, si généreux pour une deuxième moitié d’août. D’habitude le 15 août ici ressemble à la ligne de partage des eaux entre l’été et l’automne. Brusquement, le temps se gâte, les orages se multiplient, et très vite on refait des feux dans la cheminée.  Heures de grâce, l’été joue les prolongations, on fermera les valises et les malles plus tard… et ainsi sont sorties les dernières impressions.

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Quelques graminées sur le Lac Chat, Québec.

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Lac Chat, je me souviens des reflets …

Cyanotype, suite…

Encore un mois d’été et de belle lumière pour expérimenter la technique du cyanotype. Ca tombe bien, dans le tout dernier vide-grenier où je suis allée dans l’Aude, je suis tombée par « hasard » sur de vieilles plaques photographiques du début du siècle dernier. Il ne m’en fallait pas plus pour relancer mes expérimentations. Quelle émotion de faire resurgir du passé ces corps et visages d’enfants, petites filles endimanchées, intimidées devant cette invention encore naissante à l’époque.

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Les impressions sont un peu fantomatiques, on ne distingue pas bien les traits des visages, ni les motifs des robes… J’ai un faible pour le petit personnage en costume marin et coupe de cheveux au carré: garçon ou fille? Peu importe, le voilà très présent, propulsé à la vitesse de la lumière de son décor début XXème à mon image de profil sur Facebook. Le petit bonhomme ne m’en voudra pas de ce voyage clandestin, de ce bond technologique entre les premières photos et celles, numériques, surabondantes des réseaux sociaux. J’ai pour viatique la technique du cyanotype qui fait si bien le lien entre les époques. La magie du bleu, sans doute.

Et puis il y a ces deux grandes feuilles de papier Fabriano que j’avais badigeonnées de solution le mois dernier. Bien sèches, à l’abri de la lumière d’août, elles attendaient sagement leur heure. Alors ce matin, un jour avant de fermer l’atelier des cimes, alors que l’été et le soleil redoublaient d’éclat, elles ont fait enfin leur sortie, avec une débauche de fleurs séchées, de branches, de graines… bref le grand jeu en prévision des expositions d’automne.

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Vue d’ensemble

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détail

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détail

 

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détail

 

 

X-Y comme eXperimental cYanotYpe

C’est encore avec le procédé du cyanotype et  sa belle étYmologie grecque  que j’ai choisi d’illustrer doublement la lettre Y de notre alphabet.

Des premiers essais infructueux -erreurs de dosage, d’eXposition, manque de soleil-m’ont conduite à recYcler les cyanotypes. J’ai commencé à les utiliser comme papier d’impression pour mes eaux-fortes. Le mariage du blanc du papier , du bleu variable et de l’encre noire ou du gris de PaYne m’a ouvert de nouveaux horizons.

Je vous donne à voir ici ces premiers essais de technique mixte qui seront suivis de nombreux autres, maintenant que me voilà enfin revenue dans les PYrénées, dans mon atelier des cimes plus près  du bleu profond, sans nuage, qu’on ne trouve qu’en montagne.

C comme corps (et non : porcs)

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C’est l’hiver. Même s’il est doux par chez nous, l’heure n’est pas venue où les corps se dévoilent. Mais partout pourtant une vérité est mise à nue qui raconte des histoires sordides de frottements dans les transports en commun, bien loin des transports amoureux chers à Roland Barthes.

A grand coup de « hache-tag »  mi-tout, mi-porc, c’est le grand déballage des violences-faites-aux-femmes, le supermarché de la surenchère de la chair féminine donnée en pâture aux animaux de la ferme.

Alors, sur une vieille plaque de cuivre qui a bien vécu, qui en a vu d’autres, j’ai eu envie de faire une  pointe-sèche, un bout de corps exposé pour le seul plaisir des yeux et pour parler de corps, et de séduction , d’érotisme sans arrière-pensée dans un monde où l’art nous sauverait des porcs.