Le printemps du rhodoïd

Avec l’arrivée du printemps, j’ai eu envie de revenir au rhodoïd et d’expérimenter sa souplesse plastique. La technique est celle de la pointe sèche, et toutes sortes d’outils peuvent être utilisés pour laisser une trace sur la plaque, comme les fameuses pointes et roulettes de Mathieu Coulanges.

L’autre avantage c’est que les plaques sont souples et peuvent donc être découpées assez facilement. On obtient ainsi des matrices aux formes moins classiques qu’avec du zinc ou du cuivre. Certes, on peut aussi découper le métal mais cela nécessite l’achat d’un bocfil et une certaine dextérité. Le plexiglas fin, à l’inverse, se découpe au cutter ou aux ciseaux.

Autres atouts : la matrice est transparente et on peut donc travailler son trait en plaçant son dessin ou ses esquisses sous la plaque. Attention toutefois, à l’impression le dessin sera inversé sur le papier !

Enfin, les formes découpées peuvent servir à embosser le papier sans risquer une trop grande épaisseur sous presse.

J’ai centré mes expérimentations autour du thème du printemps et voici quelques unes de mes gravures : jardin, cocon, forêt et kimono sakura...

A suivre …

Impressions pour lé végétal

Oui, vous avez bien lu ! Ceci n’est pas un article vantant les vertus du lait d’amande ou de riz mais sur mes essais d’impressions de végétaux sur tissu. Le format choisi est celui du lé de tapisserie qui traditionnellement mesure 53 cm de large pour 1m50 de haut.

Je découvre les étapes et conseils multiples pour l’ecoprint sur internet et je dois dire que je tâtonne pas mal. Il y a d’abord l’étape du mordançage qui consiste à rendre le tissu plus réceptif à l’impression de végétaux. Le tissu en matière naturelle -du coton, pour me essais- doit être lavé puis passé dans un bain de vapeur avec un mélange d’eau et de poudre d’alun. Ensuite, on le rince et on le laisse sécher. Le tissu est ainsi prêt pour l’étape suivante.

Ensuite, on dispose les végétaux sur le tissu qu’on recouvre d’un film étirable avant de le rouler en un boudin bien serré qu’on ficelle pour que l’ensemble se tienne.

Puis, deuxième bain de vapeur pour 20mn environ.

Enfin, une fois le tissu un peu refroidi, on déroule le tout, on enlève le film, on secoue le tissu pour le débarrasser des morceaux de feuilles ou de fleurs. Il faut ensuite le passer dans un dernier bain d’eau chaude avec une pincée de sulfate de fer pour faire ressortir et fixer les impressions.

Les impressions sont plus ou moins présentes selon le type de végétaux et les tanins ou couleurs qu’ils contiennent, c’est toujours une surprise.

Bref, cet éloge du végétal et aussi celui de la patience et de la lenteur.

L’arbre ville

Aujourd’hui, marche et photo, pour changer un peu.

Au détour d’un chemin, je suis tombée en arrêt devant ces arbres coupés.

Leur écorce dressée, hérissée me donne l’impression que même à terre, ils continuent à résister. Et de la plus belle manière. J’y vois des villes, des « skylines » comme on dit en anglais . J’ai envie de les dessiner, de les graver peut-être un jour.

En attendant, les voici en photo.

F.I.L, la suite

Encore une belle journée à l’atelier hier, et deux nouvelles propositions pour mon projet FIL (Femme intérieure Libre).

Tout d’abord , ma préférée du jour : une impression d’une gravure sur cuivre d’un bustier sur un patron de petite robe retrouvée dans les vieilles armoires de mon atelier en Ariège :

Ensuite , des essais de volume et de gaufrage sur la robe gravée : ici, eau-forte sur cuivre imprimée sur papier d’art .

Voilà, c’est tout pour aujourd’hui.

Femmes sur le fil , II

Le corset

Des nouvelles du projet pour 2022 intitulé « FIL » pour « Femme Intérieure Libre » que j’avais présenté ici : Femmes sur le fil.

Ce titre, cet acronyme, ont toute une histoire… Jeune femme, on m’a souvent raillée pour mes piètres qualités de ménagère et de cuisinière. Je n’ai jamais été ce qu’on avait coutume d’appeler  » une femme d’intérieur ». Mais je me souviens du jour où, pour ma défense, j’ai répondu que j’étais plutôt « une femme intérieure ».

Aujourd’hui, débarrassée des carcans et des attentes qui pèsent parfois sur les jeunes femmes qui « se mettent en ménage » ( ah, la vilaine expression !) j’entends exprimer le long cheminement de la femme intérieure libre. Libérée mais consciente de tout ce que les femmes avant moi ont pu avoir de contraintes, de corvées liées aux tâches domestiques.

Comment concilier le domestique – étymologiquement tout ce qui a trait à la maison – et le sauvage ? Le chat et le tigre en nous, la ménagère et la mégère non apprivoisée ? Mon travail actuel explore le poids du linge, celui que les femmes lavaient, comme celui qu’elles devaient porter pour maintenir leur corps en cage : lessives à étendre , corsets, culottes , gaines , couture, points et chemins de croix …

Femmes sur le fil

Hier le Salon Artempo (Cugnaux, 31) s’est clôturé et je suis repartie avec un prix pour ma série sur les maisons (Salon Artempo / La maison de mes rêves…/Série Maisons).

J’ai pris ce prix comme un encouragement, et surtout le signal qu’il est temps pour moi de tourner cette page inspirée par les confinements.

Le tournant a déjà été esquissé cet été avec un travail autour du tissu, du travail des femmes qui se prolonge un samedi par mois dans l’atelier de recherche plastique de Sandrine Ginisty. Voici, en quelques images, les ébauches et balbutiements de cette nouvelle série au titre provisoire :  » Femmes sur le fil « .

De gauche à droite : 1. Robe de vendangeuse , début XXe siècle avec impression de cyanotypes

2. Série Métiers de femme d’antan, techniques mixtures : photos, cyanotype, broderie.

3. Extrait de « La Femme cousue » sur cyanotype rebrodé

4. Eau-forte : le fil à linges

5. Le bustier, eau-forte

6. Détail de la série métiers de femmes d’antan

Avec ou sans encre ?

Pendant ces vacances j’ai pris le temps de comparer différentes imprimantes de poche qui utilisent la technologie « Zink « , c’est à dire « zero ink« . Ce petit instrument me faisait de l’oeil depuis le début de l’année 2020, mais une mini imprimante, pourquoi faire? Et bien pour explorer d’autres pistes d’impression, continuer à mêler photo, gravure , sérigraphie et fabriquer de toutes petites cartes postales pour la correspondance que j’entretiens avec quelques amies artistes.

Pour les curieux, voilà comment marche la technologie « zink »:

« Tout ce passe dans le papier. Le papier d’apparence blanche avant l’impression contient tout ce qu’il faut pour se passer d’une cartouche d’encre. Le papier inventé par Zink contient tout l’encre à l’intérieur sous la forme de cristaux de couleurs répartie sur des couches différentes.

Les 3 couches intermédiaires de cristaux, incolores avant l’impression, sont activés par la tête thermique contenue dans l’appareil photo ou l’imprimante. Ceux-ci ne se colorent que lorsqu’ils sont exposés à la source de chaleur envoyée par la tête de l’imprimante. La chaleur provoque une réaction chimique qui fait fondre les cristaux et c’est le mélange de chaque couche qui donne les couleurs nécessaires pour créer la photo la plus fidèle possible.

Lorsque la tête d’impression passe sur le papier, différentes intensités de chaleur sont appliquées, ce qui donne une variété de couleurs. Ces différentes couleurs sont possibles parce que chaque couche répond à sa propre plage de température. » https://printyourlife.fr/papier-zink/

Vous ne serez pas surpris d’apprendre que la technologie a été initiée par Polaroid: je suis une grande nostalgique de mes « Pola » et le plaisir d’imprimer instantanément des photos est resté très vif en moi . Et puis je trouve fascinant que ça fonctionne sans encre, moi qui passe mon temps à utiliser de l’encre par ailleurs, que ce soit dans l’écriture ou l’impression de gravures et de sérigraphies.

Pour finir, une photo de l’imprimante et de mes trois premières impressions :

L’imprimante (11,8 x 8,2 ) et les tirages (5 x 7,6)

Femme maison, contes et art brut

Le temps est de nouveau au repli chez soi, sur soi, depuis le couvre-feu ces dix derniers jours. Les expositions sont annulées les unes après les autres alors autant mettre à profit cette « vacance » pour reprendre des recherches.

Sans le vouloir vraiment, mes pas m’ont ramenée du côté des maisons La maison de mes rêves… , de Louise Bourgeois sur laquelle j’ai déjà écrit un petit texte : B comme Bourgeois, Baudelaire et Bièvre… ou des contes que j’ai illustrés à mes débuts en gravure.

En fait je ne savais pas que la Maison avait été au coeur de l’oeuvre de Louise B: je l’ai découvert en écoutant un reportage qui évoquait l’exposition Women House à La Monnaie de Paris en 2018. Ce reportage m’a conduite sur le site du MOMA qui montre des dizaines de dessins de l’artiste, à la lecture d’ un bel essai dont je mets le lien ici :https://www.moma.org/s/lb/louise_bourgeois/lb_essay_2017.pdf et enfin à une série sur France Culture : https://www.franceculture.fr/emissions/series/louise-bourgeois

Hier soir j’écoutais distraitement l’émission Barbatruc sur Inter en essayant une recette de soupe à l’échalote (je vous dis tout). Les invités devisaient sur les contes de Perrault et notamment sur Barbe Bleue que je ne connaissais pas plus que ça. En fin d’émission, Dorothée Barba évoque un livre dont le titre me parle immédiatement : Les contes de Perrault illustrés par l’art brut. Quelques clics plus tard, j’ai découvert la perle rare (et chère)…

Pour vous donner un aperçu des illustrations superbes qui émaillent ce beau livre, je partage ici cette vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=YWRjrEYFAAA

Voilà de quoi nourrir mes rêveries et peut-être me donner à nouveau envie de dessiner et graver à partir de ces contes. Et hop, un très beau livre sur le sapin, je commence ma liste (et si elle s’arrête là je serai comblée)

De Sorgeat à Combray

Après une semaine à me ressourcer en montagne, à fouler les feuilles dans les sentiers, à chercher et expérimenter à l’atelier une nouvelle piste s’est ouverte à moi ce matin. Nouvelle et ancienne à la fois puisqu’elle me ramène sur les traces de Proust…

Dans mes derniers essais de cyanotype, j’ai mélangé herbier et photos d’enfance. Les tirages ressemblent un peu à des pellicules de film , des projections un peu floues, et les passages où Proust évoque la  » lanterne magique » me sont revenus d’un coup.

En voici un extrait:

A Combray, tous les jours dès la fin de l’après-midi, longtemps avant le moment où il faudrait me mettre au lit et rester, sans dormir, loin de ma mère et de ma grand’mère, ma chambre à coucher redevenait le point fixe et douloureux de mes préoccupations. On avait bien inventé, pour me distraire les soirs où on me trouvait l’air trop malheureux, de me donner une lanterne magique, dont, en attendant l’heure du dîner, on coiffait ma lampe ; et, à l’instar des premiers architectes et maîtres verriers de l’âge gothique, elle substituait à l’opacité des murs d’impalpables irisations, de surnaturelles apparitions multicolores, où des légendes étaient dépeintes comme dans un vitrail vacillant et momentané. Mais ma tristesse n’en était qu’accrue, parce que rien que le changement d’éclairage détruisait l’habitude que j’avais de ma chambre et grâce à quoi, sauf le supplice du coucher, elle m’était devenue supportable. « 

Et une « illustration » et explication trouvées sur le site de la BNF: http://expositions.bnf.fr/proust/grand/7-5.htm

J’ai alors repensé aux passages dans Du côté de chez Swann, magnifiques, baignés de bleus, dans la petite église de Combray. Je ne résiste pas au plaisir de les partager ici:

Que je l’aimais, que je la revois bien, notre Eglise…/… Ses vitraux ne chatoyaient jamais tant que les jours où le soleil se montrait peu, de sorte que, fît-il gris dehors, on était sûr qu’il ferait beau dans l’église(…) Il y en avait un qui était un haut compartiment divisé en une centaine de petits vitraux rectangulaires où dominait le bleu, comme un grand jeu de cartes pareil à ceux qui devaient distraire le roi Charles VI; mais soit qu’un rayon eût brillé, soit que mon regard en bougeant eût promené à travers la verrière tour à tour éteinte et rallumée, un mouvant et précieux incendie, l’instant d’après elle avait pris l’éclat changeant d’une traîne de paon, puis elle tremblait et ondulait en une pluie flamboyante et fantastique qui dégouttait du haut de la voûte sombre et rocheuse, le long des parois humides, comme si c’était dans la nef de quelque grotte irisée de sinueux stalactites que je suivais mes parents, qui portaient leur paroissien; un instant après les petits vitraux en losange avaient pris la transparence profonde, l’infrangible dureté de saphirs qui eussent été juxtaposés sur quelque immense pectoral, mais derrière lesquels on sentait, plus aimé que toutes ces richesses, un sourire momentané de soleil; il était aussi reconnaissable dans le flot bleu et doux dont il baignait les pierreries que sur le pavé de la place ou la paille du marché; et, même à nos premiers dimanches quand nous étions arrivés avant Pâques, il me consolait que la terre fût encore nue et noire, en faisant épanouir, comme en un printemps historique et qui datait des successeurs de saint Louis, ce tapis éblouissant et doré de myosotis en verre. « 

Autant vous dire que si je me replonge dans les volumes de La Recherche, je ne suis pas prête d’abandonner le bleu des cyanotypes…

Mini-boîtes et nouveau projet

La saison des vide-greniers a repris! Hier je suis partie chiner et comme à chaque fois ou presque j’ai trouvé sinon des trésors, du moins de nouvelles pistes.

Parmi des dizaines de boîtes qui contenaient des films pédagogiques des années 30 à 50 , j’en ai choisi 12 pour le début d’histoire que chacune raconte.

Je pense les utiliser soit comme cartels, soit dans une installation pour mes gravures.

Qu’en dites-vous?

Si vous voulez en savoir plus sur ces outils pédagogiques anciens et la projection à l’école, c’est par ici:http://www.le-temps-des-instituteurs.fr/ped-projection.html