O comme Ode à la Main Gauche et à Oz’arts du Jour…Ô Toulouse!

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Oh les beaux jours de la gravure dans ma ville de Toulouse!

J’ai la chance de faire de la gravure depuis quelques années dans l’atelier de La Main Gauche, et d’avoir pu exposer mon travail dans un autre lieu à découvrir dans cette ville: la Galerie associative Oz’arts du Jour.

Voici donc un billet en forme d’hommage, une ode pour dire merci, tout simplement.

Merci à La Main Gauche et aux deux personnes qui l’animent: Bilitis Farreny et Nathalie Tousnakhoff. Je ne compte plus le nombre de jeudis passés en la compagnie de Bilitis et des élèves qui comme moi suivent des cours dans cet atelier. Beaucoup sont passés, certains sont partis, et moi je suis restée. Ca en devient presque suspect et à chaque fin d’année j’ai droit à :  « Tu sais, si tu veux aller voir ailleurs, je ne t’en voudrais pas. Mais je ne dis pas ça pour que tu partes!  »  Et chaque année je rempile. Pourquoi? C’est difficile à dire… Rien de formel dans cet atelier, et peu d’accompagnement pédagogique au sens où certains l’entendent mais… Mais des conseils, une écoute, un regard bienveillant. Jugez plutôt en regardant cette video

Et puis La Main Gauche c’est aussi une atmosphère inimitable et indescriptible, et ça la vidéo ne vous le dira pas! Les conversations vont bon train, et vont du plus sage au graveleux. Le « Graveleux » ce n’est pas ce que vous croyez. C’est juste des histoires de filles de tous âges qui, tout en gravant, encrant, vernissant, aquatintant, parlent sans frein et souvent  des relations femmes-hommes. Je résumerai ça en disant : Femme qui grave n’a pas la langue dans sa poche ni froid aux yeux!  Même les garçons de l’atelier y trouvent leur compte et se  marrent bien.

La Main Gauche enfin ce sont  des stages  d’approfondissement comme nulle part ailleurs. Manière noire, burin, et même estampe japonaise avec Miriam Zegrer qui 2 semaines par an vient transmettre le savoir de son Druckatelier en direct de Berlin.

O comme Oz’arts du Jour aussi…Merci à cette association que j’ai rejointe il y deux ans et où j’ai  exposé mes gravures jusqu’en décembre dernier aux côtés de la fée des lieux Vanaja Braibant et de bien d’autres artistes: autant  de belles personnes et de belles rencontres. Grâce à tous, j’ai eu là encore l’impression de trouver une place au coeur de ma ville natale en tant qu’artiste. C’est bien quand une ville devient plus qu’un lieu de travail, mais aussi un lieu pour cheminer et avancer dans son parcours artistique en se sentant accompagnée. Là aussi, bienveillance est le maître-mot, même si la vie de l’association n’est pas toujours un long fleuve tranquille. » Bien-sûr nous eûmes des orages », comme dans la chanson… mais c’est avec grand plaisir que j’exposerai fin 2018 dans notre galerie qui s’est récemment agrandie d’un nouvel espace d’expo, tout beau, tout neuf.

Ce sera un duo  début décembre avec une des créatrices de l’association: Creami qui a une passion pour l’origami qu’elle décline sous de nombreuses formes: objets, bijoux, cadres… mais  ooooooo que c’est loin encore!

Abécédaire: le milieu du gué

Commencé le 6 janvier, aujourd’hui 3 mars j’ai parcouru la moitié de l’alphabet avec vous. Me voilà rendue à la lettre O… le prochain billet est en préparation et le soir je jongle avec les mots qui commencent par « o » et qui m’inspirent, comme d’autres cOmptent les mOutOns!

A mi-parcours je voulais remercier ceux qui m’ont lue depuis le début, ceux qui ont butiné l’abécédaire au gré de leurs envies, et en parler à ceux qui prendraient le train en route, sans avoir lu aucun billet. Je n’ai rien contre les voyageurs clandestins, au contraire!

Si vous avez loupé les épisodes précédents, rendez-vous donc à la rubrique 4 de mon blog, tout bêtement intitulée  » Abécédaire 2018 «  . Selon les jours, selon les lettres, vous y trouverez de courts textes, souvent en rapport avec la gravure, mais pas toujours. Il y est aussi question de lecture, de peinture, d’inspiration.

A bientôt pour le OOOOOOO…15941510_10212014250495867_2468248695427332144_n

 

N: Le Noir de la Guerre

Voilà quelques jours que je peaufine mes recherches pour ce billet. Bien-sûr j’ai pensé à Soulages mais je voulais trouver  autre chose que son ultranoir que tout le monde connaît. Et c’est ici que rentre en scène le VANTABLACK… comme un personnage tout droit sorti de Star Wars, comme qui dirait le frère jumeau de Dark Vador.

On lit du Vantablack qu’il est le noir le plus noir du monde. Vantablack 2.0(Vertically Aligned NanoTube Arrays Black)  est une matière constituée d’un entrelacs de nanotubes de carbone qui absorbent la lumière à 99,965 % conçue par l’entreprise britannique Surrey NanoSystems. Dès l’annonce de sa création, le Vantablack a déchaîné les passions. En février 2016, le plasticien britannique Anish Kapoor a annoncé avoir obtenu l’exclusivité des droits d’utilisation, déclenchant une tempête de protestations dans les milieux de l’artSi cette guerre du noir vous intéresse, lisez donc l’article du Monde ici.

Avant Kapor et Soulages, d’autres artistes ont aussi montré leur fascination pour cette couleur ou non-couleur. Ainsi, les Black Paintings , dernière série de Rothko dont on connaît davantage les aplats de couleurs.mark-rothko-no-.7-1964

Ou encore les Black drippings de Pollock, moins célèbres que ses projections colorées mais d’une grande force graphique.

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La liste est longue des artistes que le noir a attrapé dans ses filets. Comme le sculpteur Richard Serra qui dans sa série Ramble Drawings travaille sur « des papiers japonais à la trame délicate, frangés en leurs bords, il répand la matière granuleuse du crayon lithographique fondu, pris entre deux feuilles de papier et répandu, technique à part qui fait vibrer la lumière, varie les effets de texture et de tons, du gris pâle au noir charbonneux. « (Télérama)

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Et vous, amis graveurs, qu’est-ce qui vous attire dans le noir? Dans quelle proportion l’utilisez-vous? Vous semble-t’il indispensable à la pratique de la gravure? J’espère que certains d’entre vous laisseront ici leur témoignage…

 

Le K : OpalKA, IKB et K626 ?

Le K est une lettre difficile,  la plus rare de notre langue. C’est la lettre du secret, de la kabbale et les noms qu’elle m’évoque ont tous une oeuvre à la fois connue et éminemment ésotérique.  A commencer par Klein et son célèbre bleu, l’ IKB.klein  Ou OpalKa et sa recherche du  blanc et de l’effacement. Oeuvres majeures, monochromes et monomaniaques d’artistes qui ont fait du corps (celui  des autres ou le leur) le sujet. Mais  les peintures anthropomorphiques de Klein, comme les photos auto-portraits d’Opalka (qui durant 46 ans livra son visage en pâture au temps) dépeignent moins le corps que le passage du temps sur les corps.

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Passage du temps aussi sur les tableaux d’Opalka qui a peint chaque jour environ 380 nombres, dans une suite allant  de 1 à l’infini. Voici une  vidéo de l’INA qui le montre à l’oeuvre et où Roman (prénom magnifique) parle de son travail bien mieux que je ne saurais le faire. Cela s’appelle « Fondu au blanc ».

La gravure pour moi se situe quelque part en tension entre les traces de Klein et cette citation d’Opalka: « Je peins la durée ».

J’aurais pu  parler de Kafka, de Kundera, du K de Buzzati aussi. Ma rêverie autour du K m’a finalement conduite à Mozart dont les morceaux ont tous  1K+ un nombre pour prénom, selon la nomenclature Kochel . Savez-vous à quelle oeuvre très célèbre correspond le K626?

 

J comme Bullet Journal & « Journal de deuil » de Roland Barthes

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Mi-Bujo, mi-Barthes…l’article de ce dimanche  est un peu le mariage de la carpe et du lapin. Ah… excusez l’insoutenable légèreté de ce billet… Précédemment, aviez-vous lu  comment je suis devenue la « cougar du BuJo »?

Oui, je l’avoue je m’adonne au plaisir du Bullet Journal comme une ado, comme ma fille, les copines de ma fille, la fille de ma meilleure amie qui ont à peine une vingtaine d’années. C’est un peu bête , mais je trouve des avantages à cette « mode » qui concilie le journal intime, le carnet à dessins, le Moleskine de l’atelier , sans parler des nombreux  post-it qui avant s’éparpillaient un peu partout : dans mon agenda, sur mon bureau, mon frigo, pliés dans mon sac.

C’est ludique ce cahier fourre-tout qui prend des airs d’agenda organisé, recueil de tous les pense-bête, des idées qui germent, des envies de films, de livres. L’écume des jours en pointillé. Quelques photos du joyeux bazar:

 

Et puis, alors que je rédige ce billet pour la lettre J, voilà que je passe en mode « lecteur » sur WordPress, et que je tombe sur ce très bel article, à propos d »un autre journal que je ne connaissais pas,  par un auteur que j’aime tant.

Savez-vous que Roland Barthes a écrit  « Journal de Deuil » ?capture-d_ecc81cran-2015-09-14-acc80-10-26-13

Après la mort de sa mère, en pleine recherche sur Proust, il écrit des fragments  sur ce qui ne saurait se décrire et dit encore comment le « simple » fait d’écrire l’insupportable le rend supportable. Voilà, je sais quel livre je lirai bientôt.

Le beau magazine Diacritik où j’ai puisé les liens et les photos est rédigé par des amoureux de Barthes, alors je vous livre encore un extrait d’un autre article consacré aux agendas de Barthes et de Chéreau:

« Ces agendas sont des avant-textes, une entrée dans le mystère de la création, le faux quotidien des artistes puisque pour eux rien, sans doute, n’est simple rendez-vous ou perte de temps ou vacuité. Fondamentaux pour la critique génétique, ces pages sont aussi des tableaux – et pour le spectateur l’objet d’une fascination née de l’écriture, des graphies, de ces découvertes entre les lignes, dans les blancs.

Capture d’écran 2015-10-18 à 10.30.48Pas un simple matériau ou des traces mais un texte plein, la saisie du processus mystérieux qui mue le temps en œuvre, via ce qui semble pourtant lui échapper, les ratures, griffonnages, parfois petits dessins, l’aventure souterraine en somme. Les agendas des artistes sont des témoins, une forme d’autoportrait oblique.

En regard, ceux de Roland Barthes :

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Pour lire l’article en entier c’est ici

Je remercie au passage Denise Pelletier grâce à qui j’ai découvert Diacritik.

Un bon dimanche à tous, et à vos agendas!

 

I comme Idée de lecture, Illisible, Illusoire cartographie.

Cette année, sur les conseils de ma fille, je me suis lancée dans le rédaction/ confection d’un bullet journal. Kesako me direz-vous? Alors le bujo, abréviation de « Bullet Journal » c’est un objet à mi-chemin entre le journal intime, l’agenda et le moleskine. On l’organise en rubriques un peu comme on veut. Et bullet, ça veut dire « puces », car le plus souvent le carnet est composé de feuilles avec des petits points (au lieu des lignes). Ce phénomène est très répandu chez les jeunes filles ou jeunes femmes de moins de 30 ans…d’où la sensation de ne pas être vraiment à ma place avec ce journal mais qu’importe.C’est générationnel, me suis-je entendu dire… Comme si j’étais la cougar du bujo (mais j’y reviendrai dans un autre billet).

Parmi mes rubriques: idées de gravure, prochaines expos, rencontres, calendrier d’expo, idées de lecture, recettes… Alors aujourd’hui, pour coller à lettre I, voici une idée de lecture. Je viens de finir L’Art de Perdre d’Alice Zenitzer. Comment ce livre a atterri sur ma table de nuit est déjà toute une histoire : j’avais entendu une chronique sur ce livre et croyais que le titre était « L’art de peindre ». Il était question d’une jeune galeriste en quête de ses origines, et d’un retour vers l’Algérie. Tous les ingrédients étaient donc pour moi réunis : la peinture, un récit sur ce pays qu’une partie de ma famille avait quitté en 1962… Quelle surprise le jour de Noël quand j’ai ouvert le paquet et lu le titre, le vrai..

Mais les surprises ne se sont pas arrêtées au titre. Plus je me suis plongée dans ce roman, plus je me suis sentie émue, retournée, attendrie : l’Histoire avec un grand H nous réserve souvent des surprises, et les souvenirs diffus de cette petite-fille de harkis résonnaient très fort en moi , la petite-fille de pieds-noirs.  Pour elle, comme pour moi, l’Algérie est ce pays fantôme tendre et douloureux. Alice Zenitzer a su mettre des mots sur ce sentiment étrange que partagent beaucoup de gens qui n’ont connu ce pays qu’au travers du roman familial : la nostalgie d’un pays où nous n’avons jamais mis les pieds (sans ironie)… L’art de perdre quelque chose qu’on a jamais vraiment eu ou vu, en somme.

Alice Zenitzer  a su aussi donner corps et sens à tous ces silences qui entourent les années troubles  qui ont précédé et suivi le départ d’Algérie: qu’ont-ils vu, mes grands-parents, mon père, mes oncles, mes tantes dont ils ne parlaient pas, si ce n’est pour répéter en boucle les mêmes souvenirs? Qu’ont-ils vécu dont nous sommes ici la suite mais dont nous ignorons le début? Et le silence caché derrière l’exubérance sonore et riante  des grands repas de famille où toute la « smala » se réunissait pour un couscous.

Merci Alice d’avoir posé des mots très justes  comme les légendes de toutes ces photos de famille laissées « là-bas ». Dans quel tiroir, dans quelle maison?

Est-ce pour cela que j’ai commencé une petite série de gravures qui sont un peu la cartographie d’un territoire à la fois connu et inconnu, superpositions de cartes qui rendent tout trajet ILLISIBLE, tout retour ILLUSOIRE ? A suivre…

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L+M= La Mucca, l’ami du papier

A partir de mercredi une petite sélection de mes estampes sera en excellente compagnie, dans la vitrine du magasin La Mucca, rue Romiguières, à deux pas du Capitole à Toulouse.

J’ai découvert les trésors que recèle la boutique: amoureux, amoureuse du papier, des carnets, courez-y! J’ai particulièrement aimé les carnets dont la couverture reproduit des guides voyage ou des livres de cuisine des années 50: rétro à souhait. Et puis le soleil pointait le bout de son nez, et ça faisait longtemps que je ne m’étais pas promenée dans ces petites rues piétonnes  pleines de charme qui débouchent sur le Capitole. Rue du Taur, rue Pargaminières, rue Romiguières, rue des Lois: c’est le Toulouse ancien qui « pousse un peu sa corne » dans ces noms de rues.

Je profite de ces 3 semaines d’expo pour annoncer mes prochains événements, travailler sur mon prochain flyer (ici le verso, merci à Dehlia pour le site d’images, il est top!)

Même si ce n’est pas une expo-vente, vous pouvez demander les prix et comment me contacter à Caroline, charmante maîtresse des lieux. Elle se fera un plaisir de vous renseigner.

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G+H= Graver mon Herbier

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Dans ce petit journal alphabétique me voilà rendue d’un bond aux lettres G & H. Les deux sont pour moi comme indissociables  depuis plus d’un an. Je travaille par série, de façon un peu obsessionnelle disons-le. Et je n’arrive pas à me dépêtrer de la série « Herbier », ou « Botanique » où mes eaux-fortes et pointes sèches me ramènent toujours.

Il y a  sans doute dans ce retour incessant quelque chose de la nostalgie de ces heures oisives passées dans la campagne ariégeoise à herboriser ou à lire, un brin d’herbe à la bouche et une nuée de papillons autour de la tête. Oui, il y avait encore des prairies pleines de papillons…

Je suis fascinée par les gravures anciennes hollandaises qui restituent si bien ces tulipes, ces iris, ces pivoines  cueillis il y a plus de deux cents ans et dont on croirait encore sentir le parfum entêtant. Graver mon herbier a ainsi quelque chose aussi du frisson que procurent les memento mori et autres vanités.

Ce qui me trouble c’est le rapprochement qui s’opère entre la nature  éphémère et mortelle des plantes et la gravure qui immortalise ces effloraisons par la morsure du cuivre.  Graver comme une forme de conservation des corps végétaux, un « embaumement » dans les deux sens du terme.  Si cela vous parle, je vous conseille en passant la lecture de l’Embaumeur, d’Isabelle Duquesnoy. L’histoire d’un embaumeur après la Révolution. Mais attention, « Faut reconnaître… C’est du brutal ! », comme diraient les Tontons Flingueurs…âmes sensibles, s’abstenir…

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F comme Février, Fabriano, Fin de semaine à Rome

 

C’était le lendemain du vendredi 13 novembre dont chacun se souvient. Nous avions vécu la soirée dans un sentiment d’irréalité totale: c’était le soir des 18 ans de notre fille et pour l’occasion nous devions nous retrouver en famille à Rome pour le week-end.

Et puis très vite la soirée avait tourné au cauchemar: le serveur et les clients de la strattoria avaient commencé à nous regarder bizarrement alors que nous étions tous à la joie des retrouvailles. Louis était arrivé de Paris dans l’après-midi, son père devait nous rejoindre de Toulouse le lendemain matin. Alerté par nos conversations en français, le patron avait fini par venir nous demander d’où nous étions en France, mais sans vouloir gâcher notre repas. Ce n’est qu’au moment de payer qu’il nous avait annoncé les attentats. Il nous avait offert les cafés par solidarité.

Le lendemain, donc, après une bonne partie de la nuit passée à regarder les infos sur nos tablettes et à appeler la France, j’ai laissé mes grands enfants endormis dans l’appartement romain que nous avions réservé de longue date. Gueule de bois, culpabilité(comment profiter de ce séjour de rêve alors que tout le pays est dans la peine?), angoisse à l’idée d’affronter le dimanche les interminables contrôles de sécurité à l’aéroport, à l’idée de laisser Louis repartir pour Paris…

Direction les jardins de la Villa Borghese, Villa Medicis et la boutique Fabriano.

Le calme de ce samedi matin sur la colline du Pincio. L’étrange confrontation entre ce décor historique, la vue panoramique de la ville éternelle et les images des attentats.

Ici, plus qu’ailleurs, la phrase « la vie continue » avait du sens. Rien ne semblait pouvoir ébranler ni les palais ni les pins centenaires. Un peu ragaillardie, mais encore hagarde, je suis redecendue vers la Piazza del Popolo pour m’engager dans la rue étroite « del babuino ». Hôtels particuliers, cours intérieures somptueuses et pins tortueux, ciel d’un bleu insolent: l’automne? Pas ce jour-là à Rome en tous les cas.

N°32: l’enseigne de la boutique Fabriano. Le coeur battant, j’ai poussé la porte de ce temple du papier, bien décidée à y faire une véritable razzia pour mes futures gravures. J’avais imaginé des tiroirs immenses remplis de feuilles épaisses et veloutées format Grand Aigle. Au lieu de cela, c’était une débauche de cahiers, de carnets, de crayons et autres objets dérivés. Je me suis consolée en me disant que ce serait plus facile à rapporter dans l’avion et je suis repartie avec une collection de carnets de toutes les couleurs et le plein de cadeaux pour la famille et les collègues de l’atelier. Deux ans après, je ne les ai pas encore tous utilisés, et je vous montre celui que j’ai élu pour mon « Bullet journal »(le gris avec sa sangle rouge).

Pour les amoureux de Fabriano, un autre article assorti de quelques photos, dans cet article écrit en italien/anglais.

 

E comme estampe & écriture.


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Cette semaine, c’est un peu comme si Ruth , Madeleine et Yema s’étaient  donné rendez-vous sur un coin de cuivre et avaient croisé leurs destins comme on croise le fer, à coup de pointe sèche. Ce jeudi, un visage a surgi de ma plaque que je n’ai pas reconnu. Pas immédiatement.

Sans doute parce qu’il est plusieurs visages à la fois:le visage de Ruth  et de la terrible histoire de sa rencontre avec le Docteur Mengele?  C’est l’une des 4 soeurs du documentaire de Claude Lanzmann qui m’a beaucoup impressionné et que j’ai vu cette semaine sur Arte.  A voir ou à revoir pour ressentir ce que résilience veut dire…en suivant ce lien

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Ou était-ce le visage  de Yema, femme harki,  l’un des personnages du roman d’Alice Zeniter, L’art de perdre, que je suis en train de lire?

A moins que ce soit aussi un peu celui de Madeleine ? Car en parallèle du roman, je picore le web-documentaire« Madeleine Project »  de Clara Beaudoux d’abord présenté sur Twitter…

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