Le K est une lettre difficile, la plus rare de notre langue. C’est la lettre du secret, de la kabbale et les noms qu’elle m’évoque ont tous une oeuvre à la fois connue et éminemment ésotérique. A commencer par Klein et son célèbre bleu, l’ IKB. Ou OpalKa et sa recherche du blanc et de l’effacement. Oeuvres majeures, monochromes et monomaniaques d’artistes qui ont fait du corps (celui des autres ou le leur) le sujet. Mais les peintures anthropomorphiques de Klein, comme les photos auto-portraits d’Opalka (qui durant 46 ans livra son visage en pâture au temps) dépeignent moins le corps que le passage du temps sur les corps.
Passage du temps aussi sur les tableaux d’Opalka qui a peint chaque jour environ 380 nombres, dans une suite allant de 1 à l’infini. Voici une vidéo de l’INA qui le montre à l’oeuvre et où Roman (prénom magnifique) parle de son travail bien mieux que je ne saurais le faire. Cela s’appelle « Fondu au blanc ».
La gravure pour moi se situe quelque part en tension entre les traces de Klein et cette citation d’Opalka: « Je peins la durée ».
J’aurais pu parler de Kafka, de Kundera, du K de Buzzati aussi. Ma rêverie autour du K m’a finalement conduite à Mozart dont les morceaux ont tous 1K+ un nombre pour prénom, selon la nomenclature Kochel . Savez-vous à quelle oeuvre très célèbre correspond le K626?