Dans ce petit journal alphabétique me voilà rendue d’un bond aux lettres G & H. Les deux sont pour moi comme indissociables depuis plus d’un an. Je travaille par série, de façon un peu obsessionnelle disons-le. Et je n’arrive pas à me dépêtrer de la série « Herbier », ou « Botanique » où mes eaux-fortes et pointes sèches me ramènent toujours.
Il y a sans doute dans ce retour incessant quelque chose de la nostalgie de ces heures oisives passées dans la campagne ariégeoise à herboriser ou à lire, un brin d’herbe à la bouche et une nuée de papillons autour de la tête. Oui, il y avait encore des prairies pleines de papillons…
Je suis fascinée par les gravures anciennes hollandaises qui restituent si bien ces tulipes, ces iris, ces pivoines cueillis il y a plus de deux cents ans et dont on croirait encore sentir le parfum entêtant. Graver mon herbier a ainsi quelque chose aussi du frisson que procurent les memento mori et autres vanités.
Ce qui me trouble c’est le rapprochement qui s’opère entre la nature éphémère et mortelle des plantes et la gravure qui immortalise ces effloraisons par la morsure du cuivre. Graver comme une forme de conservation des corps végétaux, un « embaumement » dans les deux sens du terme. Si cela vous parle, je vous conseille en passant la lecture de l’Embaumeur, d’Isabelle Duquesnoy. L’histoire d’un embaumeur après la Révolution. Mais attention, « Faut reconnaître… C’est du brutal ! », comme diraient les Tontons Flingueurs…âmes sensibles, s’abstenir…