Après trois ans d’interruption, j’ai pu à nouveau partager la joie d’exposer à Penne d’Agenais avec avec les 24 autres artistes sélectionnés, venus de France, de Belgique et d’Italie.
Pendant cette 16ème édition, je n’ai pas eu le temps de m’ennuyer : un nouveau lieu à partager et à mettre en scène – La Tour Alaric – des nouveaux artistes à découvrir, et une première: participer à une émission sur une radio locale pour parler de l’événement et de mon travail de graveuse.
Je vous laisse donc le loisir de découvrir dans ce billet mes meilleurs moments de Penne, si je puis dire !
Aujourd’hui, marche et photo, pour changer un peu.
Au détour d’un chemin, je suis tombée en arrêt devant ces arbres coupés.
Leur écorce dressée, hérissée me donne l’impression que même à terre, ils continuent à résister. Et de la plus belle manière. J’y vois des villes, des « skylines » comme on dit en anglais . J’ai envie de les dessiner, de les graver peut-être un jour.
Aujourd’hui mercredi 11 mai, plus que 5 jours pour aller découvrir l’expo Soulpaper consacrée au dessin.
Pour ceux qui hésiteraient à faire la route depuis Toulouse (40mn seulement !) ou qui seraient trop loin, j’ai fait des petites vidéos de nos 12 auto-portraits et des oeuvres exposées au rez-de-chaussée... il en reste des beaux à découvrir à l’étage, sur place !
Trop contente de mon coin d’exposition dans ce bel espace !
Encore une belle journée à l’atelier hier, et deux nouvelles propositions pour mon projet FIL (Femme intérieure Libre).
Tout d’abord , ma préférée du jour : une impression d’une gravure sur cuivre d’un bustier sur un patron de petite robe retrouvée dans les vieilles armoires de mon atelier en Ariège :
Ensuite , des essais de volume et de gaufrage sur la robe gravée : ici, eau-forte sur cuivre imprimée sur papier d’art .
Le 3e Salon du dessin actuel dont je vous parlais ici et les 12 artistes qui y participent ont eu droit à un article et une belle photo de groupe dans la presse locale.
Découvrez ici l’article et nos bobines, et surtout, le temps file vite, ne manquez pas de passer nous voir en vrai vendredi 6 , samedi 7 et dimanche 8, ainsi que la semaine prochaine du mercredi au dimanche, entre 14h30 et 18h. Final dimanche 15 mai !
Je serai présente dimanche 8 mai , alors à très vite !
Un retour en images sur ce 3eme Salon du dessin actuel qui a ouvert ses portes hier soir.
Où ça? A l’espace culturel Les Coucarils, un très beau lieu au coeur du village d’artistes du Carla Bayle. Pour y aller depuis Toulouse, prendre la vallée de la Lèze, se réjouir de la campagne au printemps, rouler 45 mn, vous y êtes !
Quand ça ? Jusqu’au 15 mai 2022, du mercredi au dimanche entre 14h30 et 18h.
Avec qui ? Une jolie ribambelle de 12 artistes réunis autour du dessin, de la gravure : Didier Estival, Eric Demelis, Stéphanie St Martin, Evelyne Maubert, Phanette Franzini, Yseult Houssais, Emmanuelle Jammes, Marc Le Dizet, Cati Breil, Eva Mifsud, Marcor et moi !
Je serai de permanence le dimanche 8 mai de 14h30 à 18h et serai ravie de vous présenter le travail de chacun : venez, ça vaut le détour !
Des nouvelles du projet pour 2022 intitulé « FIL » pour « Femme Intérieure Libre » que j’avais présenté ici : Femmes sur le fil.
Ce titre, cet acronyme, ont toute une histoire… Jeune femme, on m’a souvent raillée pour mes piètres qualités de ménagère et de cuisinière. Je n’ai jamais été ce qu’on avait coutume d’appeler » une femme d’intérieur ». Mais je me souviens du jour où, pour ma défense, j’ai répondu que j’étais plutôt « une femme intérieure ».
Aujourd’hui, débarrassée des carcans et des attentes qui pèsent parfois sur les jeunes femmes qui « se mettent en ménage » ( ah, la vilaine expression !) j’entends exprimer le long cheminement de la femme intérieure libre. Libérée mais consciente de tout ce que les femmes avant moi ont pu avoir de contraintes, de corvées liées aux tâches domestiques.
Comment concilier le domestique – étymologiquement tout ce qui a trait à la maison – et le sauvage ? Le chat et le tigre en nous, la ménagère et la mégère non apprivoisée ? Mon travail actuel explore le poids du linge, celui que les femmes lavaient, comme celui qu’elles devaient porter pour maintenir leur corps en cage : lessives à étendre , corsets, culottes , gaines , couture, points et chemins de croix …
esquisse et eau-forte au traitgravure sur cuivre, 1er étatgravure avec aquatinte
Ah… les beaux jours reviennent. Des envies de balades, de voyages, d’expos … profitez de l’été pour voir le travail des artistes et aller à leur rencontre : cet été c’est de nouveau permis !
SALONPENN’ART
Exposition dans le beau village médiéval de Penne d’Agenais. Du 29 au 31 juillet 2022
ATELIER ART SANDRINE GINISTY, Exposition des travaux des élèves. Les 25 et 26 juin.
Cette année, j’ai eu la chance de participer à un atelier de recherches plastiques sous la direction de Sandrine Ginisty. En ce premier week-end estival, nous montrerons le fruit de ces recherches. 29 avenue de Lespinet, Toulouse.
EXPO DES 14, Atelier de la Main Gauche, Toulouse. Du 13 mai au 12 juin
Retrouvez les travaux de notre collectif d’artistes composé de 14 graveuses réunies dans le bel atelier de La Main Gauche. Métro François Verdier.
SOULPAPER 3eme salon du dessin actuel, Espace culturel des Coucarils, CARLA-BAYLE (09). Du 30 avril au 15 mai
A 45 mn de Toulouse. L’occasion de faire une jolie balade d’une journée dans la campagne proche de Toulouse : expos, pique-nique ou petite restauration dans ce joli petit village d’artistes
Ce dimanche, je me suis levé tôt pour aller sur le marché aux livres dans le quartier lointain de Kawasaki. Dans la semaine, j’avais dévoré toute la pile de romans à l’eau de rose que j’avais dénichés ici ou là.
Ces bluettes me ravissaient et me consolaient un peu de ma dernière histoire sans lendemain. L’amour y fleurissait timidement, puis s’épanouissait comme sur ces estampes florales de l’époque Edo. C’était doux, reposant, parfumé et cela me conduisaient vers un sommeil profond aussi sûrement qu’un somnifère.
A force d’en lire, je remarquai qu’un mot semblait revenir à chaque fois, quelle que soit l’histoire. C’était le mot “Dô”, qui, doublé, faisait certes penser au “dodo” des européens, sommeil de bébé ou oiseau disparu, mais qui en japonais indiquait le “chemin”.
Les héroïnes toujours finissaient par trouver le chemin vers le cœur de l’homme sur lequel elles jetaient leur dévolu. Il était question du “chemin du coeur », du “chemin de l’amour”…
J’ai perdu la face en acceptant ce jeu stupide qui consiste à envoyer à la revue des lecteurs de romans à l’eau de rose la liste exhaustive des passages comprenant le mot “ dô”. J’avais cru m’en sortir à bon compte mais cette simple syllabe, affublée d’un accent circonflexe grotesque avait fini par envahir ma vie. A chercher “le chemin” dans tous ces livres, j’en perdais le mien et le goût de mes contemporains.
Je vivais cerné de jeunes filles en fleur de l’époque Meiji. Une en particulier revenait me hanter. Elle faisait la couverture du roman intitulé “Je peins des fleurs avec ma bouche et plus si affinités (“ et le chemin nous conduira plus loin si le lecteur le veut -telle était la traduction mot-à-mot du sous-titre).
Elle n’était pas vraiment belle mais j’étais attiré par le rose de sa bouche qui teintait le pinceau qu’elle portait à ses lèvres. Elle l’avait trempé dans la corolle colorée d’un volubilis. Par l’échancrure de son kimono on devinait la blancheur d’un sein souligné par le tissu carmin de la doublure.La couverture et le sous-titre étaient pleins de promesses mais l’érotisme qui s’en dégageait ne survivait pas aux premières pages du roman, aussi mièvre que tous les autres.
Pour redorer un peu mon blason, je me lançai un défi et décidai de réécrire l’histoire à partir de cette estampe. Quand, à la place de ma liste de mots, j’envoyai mon manuscrit à la revue, le succès fut immédiat et le scandale aussi.
J’avais trouvé mon “dô” à moi : l’écriture. Très vite, je trouvai un éditeur et mon livre fut traduit dans des dizaines de langues, et partout dans le monde, jusqu’à la lointaine Hollande avec laquelle nous faisions commerce depuis déjà si longtemps.
Avec ma maison d’édition, je fis même une tournée de promotion à travers l’Europe. Nous allions de gare en gare et c’est là que je me découvris une nouvelle passion pour ces romans que là-bas on appelle “romans de gare”. D’un bond je quittai l’ère Meiji et je crus un temps être aussi débarrassé de mon obsession pour le “dô”.
Mais un jour, lors d’une séance de dédicaces, une lectrice franco-japonaise me lança :
— Alors comme ça, vous avez quitté le chemin de l’amour et vous faites dans les chemins de fer ?
Sa remarque me laissa sans voix et scella mon destin : Midori est devenue ma femme et traductrice et nous allons depuis, bras dessus, bras dessous, de salons en émissions littéraires présenter mes romans de gare à la mode japonaise.
La revue de lecteurs de Tokyo publia un article sur ma période européenne et c’est à peine si je me reconnus dans le portrait qu’ils firent de moi. Loin d’être élogieux, le comité de lecture m’assassinait et déplorait le chemin que j’avais pris depuis. Pour eux, je m’étais perdu.