
Difficile de mettre un point final à la rubrique « Ô confins »... on ne passe pas d’un coup de 2 mois confinés au grand saut dans un espace de liberté qui est aussi un terrain miné par un ennemi invisible.
Aussi, cet après-midi s’est passé tout en douceur, calée dans un fauteuil de velours ras jaune moutarde, un coussin couvert de toile matelas derrière les reins, le chat sur les genoux, au coin du feu, toute à la joie d’avoir enfin de la lecture.
Après-midi lecture consacrée à Margaret Atwood que j’ai redécouverte dans un documentaire d’Arte que je vous recommande :https://www.arte.tv/fr/videos/086153-000-A/margaret-atwood-de-la-force-des-mots/
Je commence mon exploration par le recueil de poèmes : « The Circle Game » que je viens de lire d’une traite.
Mon poème préféré ouvre le recueil et s’intitule : « This is a photograph of me « .
Les premiers vers donnent à lire la description d’une photo vieillie, avec arbres et maison en arrière-plan. Et puis, comme souvent chez cet auteur, un détail glaçant fait irruption dans le décor :
In the background there is a lake,
and beyond that, some low hills.
(The photograph was taken
the day after I drowned)
I am in the lake, in the centre
of the picture, just under the surface.
Traduction :
A l’arrière-plan il y a un lac
et au-delà, des petites collines .
(La photo a été prise
le jour après ma noyade)
Je suis dans le lac, au centre
de la photo, juste en dessous de la surface
Vous aurez noté la parenthèse qui contient incidemment l’ information sur la mort brutale de la narratrice… Comme si elle nous disait à tous que notre mort ne sera que parenthèse, deux vers noyés au milieu d’un poème, au milieu d’un lac, au milieu d’une photo jaunie.
Combien de photos anciennes, ou d’images de nos défunts, laissent précisément cette impression: ils sont là, juste en dessous de la surface, le jour d’après.
Ce poème est une vanité dans un décor à la Walden, à moins qu’il ne vous fasse plutôt penser à Villequier et à Léopoldine . Mais qu’on soit né d’un côté ou de l’autre de l’Atlantique, penser sa propre mort ou celles des êtres chers, la mettre en scène ou en mots restent un drôle de jeu.
Drôle de lecture pour un jour pareil. Ce soir je commence le roman » The Heart Goes Last » : Encore tout un programme, Peggy Atwood, dites-moi !
Et demain, randonnée ! Youpiiiii !
Douce « rentrée », Muriel.
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Bonne randonnée Gilles! Ici peut être une embellie demain mais sinon il pleuvra jusqu’à notre départ.
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